
Dans le cadre du projet d’interconnexion France-Angleterre AQUIND, nous avons été questionnés sur les distances de sécurité souhaitées pour des lignes à très haute tension en courant continu (DC).
Les lignes THT DC, également appelées HVDC ou CCHT sont une alternative recherchée pour transporter l’énergie électrique sur de longues distances. Elles ont aussi l’avantage de permettre de connecter entre eux des pays n’ayant pas les mêmes caractéristiques de courant alternatif.
Nous possédons une expérience dans le domaine des mesures indicatives des lignes HT ou THT jusqu’à 400 000 Volts en courant alternatif, que ce soit pour des lignes aériennes ou enterrées.
En revanche, le fait de transporter de fortes valeurs électriques en courant continu rend-t-il ces lignes moins dangereuses pour la santé ?
Nous avons contacté en Allemagne notre fournisseur de matériel de mesure pour les champs électriques et les champs magnétiques alternatifs : bien qu’il soit conscient du développement des lignes HVDC, il nous a confirmé ne pas être capable de répondre à cette question.
N’ayant pas la possibilité d’aller sur site avec le matériel dont nous disposons actuellement, nous avons consulté l’enquête publique concernant ce projet.
On y lit :
« Les champs magnétiques décroissent rapidement quand on s’éloigne de leur source. Ainsi pour l’interconnexion, les modélisations indiquent un champ de 26 µT à 1 mètre de la ligne, puis de 8 µT à une distance de 5 mètres, pour tomber à moins de 1 µT à 10 mètres. »
Bien que nous soyons d’accord sur le principe de la réduction des champs magnétiques avec la distance, ces affirmations soulèvent des questions malheureusement habituelles en France.
Effectivement, encore une fois, l’unité utilisée est le microtesla, alors que les recommandations SBM sont exprimées en nanotesla, ce qui fait que les normes de rayonnement ne correspondent pas vraiment aux préconisations de l’habitat sain.
Pour mémoire, 26 µT à 1 mètre de la ligne correspond à 26 000 nT, alors que la norme SBM pour une zone de repos est d’obtenir une valeur inférieure à 20 nT…
L’écart est plus que significatif !
Si nous nous basons sur ces éléments, cela voudrait dire qu’entre des lignes de 400 KV classiques (courant alternatif) et les mêmes en DC (courant continu), il n’y aurait pas de grande différence.
Souhaitons alors que le passage de ces câbles souterrains de forte puissance soit à une distance raisonnable des habitations, des écoles, des entreprises et des commerces.
La difficulté dans ce débat est que les fournisseurs d’électricité, pour minimiser l’impact de leurs lignes Très Haute Tension les comparent au rayonnement d’un sèche-cheveux ou un IRM, occultant volontairement la notion de durée d’exposition, ce qui n’est pas très raisonnable !
Une personne vit-elle avec le sèche-cheveux contre sa tête H24 et 7 jours /7 ?
Qui a déjà séjourné plus de 30 minutes dans un IRM ?
D’autre part, comparer le champ magnétique terrestre (naturel) avec ces rayonnements artificiels (électriques) ne nous semble pas plus pertinent.
L’être humain a eu des millions d’années pour s’habituer aux rayonnements naturels, ici c’est différent.
L’électricité est une composante essentielle de notre confort quotidien, mais nous regrettons que les études sanitaires ne soient pas plus rigoureuses, avec des études d’impact menées sur le long terme.