Êtes-vous à l’abri des rayonnements quand votre lampe de chevet est éteinte ?

Très utile pour lire un bon livre avant de s’endormir, la lampe de chevet est généralement relativement proche de la tête du lit, et donc de votre oreiller. Une fois éteinte, êtes-vous à l’abri d’un rayonnement excessif pendant votre sommeil ?

Voici un grand classique des pollutions électriques dont vous pouvez être victime dans votre chambre à coucher : l’inversion de phase des lampes de chevet.

Pour illustrer ce dysfonctionnement si fréquent, nous avons volontairement positionné notre appareil de mesure de champs électriques à quelques centimètres du pied d’une lampe, sur une table en bois proche d’un lit.

Quand cette lampe est allumée, nous obtenons une mesure indicative de champ électrique de l’ordre de 130 V/m. Ce niveau va dépendre de la distance à laquelle est effectuée la mesure, mais aussi de la nature des matériaux qui composent la lampe : une lampe au pied en métal non mise à la terre aurait par exemple un champ électrique plus élevé.

Admettons que vous soyez dans un champ électrique significatif pendant le temps de la lecture, ce n’est pas trop grave, puisque une fois éteinte, le niveau devrait en théorie considérablement baisser, voire disparaître…

Pourtant, une fois éteinte, le niveau de champ électrique augmente considérablement : près de 300 V/m !

Pendant votre sommeil, votre cerveau est plus exposé quand la lampe est éteinte… comment est-ce possible ?

L’inversion de phase, une pollution nocturne invisible

Vous pouvez remarquer sur ces photos que l’interrupteur de la lampe est un interrupteur simple : il coupe donc l’un des deux conducteurs électriques. Dans le cas présent, l’interrupteur coupe le fil neutre, et donc la phase continue à alimenter la lampe, ce qui la fait rayonner exagérément…

Lampe débranchée, le champ électrique tombe entre 0.3 et 0 V/m. Cette mesure sera influencée par la présence éventuelle de câbles électriques à proximité, de multiprises, ou de câbles dans les murs.

 

Une question de branchement

Selon les normes de branchement électrique, une prise murale devrait toujours être branchée de la manière suivante : fiche mâle de terre en haut, le fil rouge de phase est câblé à droite devant vous, le fil bleu du neutre à gauche. L’origine de l’inversion de phase commence parfois déjà au niveau de la prise murale. Par convention, et en l’absence de borne de terre, le même câblage doit être respecté.

Un tournevis testeur avec une lampe vous permet d’identifier la position du fil de phase, mais si vous n’en possédez pas, en prenant les précautions d’usage – c’est à dire en coupant auparavant le courant au tableau électrique ou au disjoncteur de l’installation – vous pouvez démonter la prise murale pour vérifier les codes couleurs des câbles et leur bon branchement;

Les choses se compliquent avec le câble de la lampe de chevet que vous souhaitez brancher : sachant que son interrupteur ne va couper qu’un seul fil, comment savoir de quel côté brancher la prise électrique sur la prise murale ?

Dans notre exemple, nous effectuons une rotation d’un demi-tour de la prise de la lampe avant de la rebrancher dans la prise murale.

Son interrupteur remplit alors correctement sa fonction : le fil de phase étant maintenant coupé, nous sommes aux alentours de 7.5 V/m.

Avec ce simple geste, vous pouvez donc passer de 300 V/m à 7.5 V/m.

Étant donné que la distance réduit de façon importante l’exposition, il y a alors de grandes chances pour que l’endroit où vous dormez soit dans la norme SBM qui préconise une valeur inférieure à 0.3 V/m (1).

Les lampes qui sont pires que les autres…

… sont les lampes de chevet qui contiennent des parties métalliques !

En effet, plus le métal est utilisé dans la conception de votre lampe de chevet, plus le rayonnement sera élevé, notamment en cas d’inversion de phase.

Par exemple, la lampe sur ces photos est entourée d’un grillage métallique, qui propage le rayonnement comme une antenne.

Comme vous pouvez le voir sur la photo ci-dessus, en positionnant l’appareil de mesure au plus près de cette lampe au design sympathique, nous constatons une valeur indicative de 775 V/m quand elle est allumée, et de 1209 V/m quand elle est éteinte.

Les solutions techniques pour passer une nuit en réduisant l’exposition au champ électrique

Ces solutions dépendent de la configuration de votre chambre à coucher.

Celle qui consiste à tester chaque prise électrique avec un tournevis spécial n’est pas la plus simple : vous pouvez très bien identifier la phase et le neutre sur le fil électrique de la lampe de chevet, être obligé de tester également toutes les prises murales mais vous pouvez aussi vous tromper en rebranchant votre lampe…

La solution la plus simple et la plus économique est sans doute de remplacer les interrupteurs simples par des interrupteurs bipolaires (2).

Ensuite, les personnes les plus sensibles peuvent opter pour l’installation d’un biorupteur, qui coupe l’alimentation électrique des lampes une fois la dernière lampe de la chambre éteinte (2).

D’autre part, privilégiez dans le choix de votre lampe de chevet, une lampe réalisée avec le minimum de parties métalliques, ou envisagez de mettre ces parties métalliques à la terre pour une meilleure évacuation des champs électriques.


(1) A condition que vous soyez assez éloigné d’autres sources de champ électrique au sol ou dans les murs

(2) Voir sur ce sujet notre page : Comment réduire la pollution électrique basse fréquence dans son habitation